Le bout du rouleau, ou histoire d’une création réalisée en papier… toilette!
"Ne plus avoir. Ce n’est pas rien, ne plus avoir. Mais ne plus être, c’est terrible. Oublier de se réjouir, oublier de s’aimer, c’est cela, tomber dans l’oubli. C’est horrible, les gens qui, comme toi, sont dans l’oubli. L’oubli de soi. Tu auras beau aller sur les réseaux sociaux, regarder la vie des autres défiler sur un écran, montrer ce que tu as réussi à acquérir, pour te persuader que l'on t’envie, tu seras toujours confronté à ton propre vide.
On naît. On n’a pas encore. Puis, on a. Et puis un jour, cela peut arriver que l’on n’ait plus rien ou que l’on ait un peu moins. Mais toi, tu veux avoir plus, toujours, et encore plus. Parce que tu n’es pas. Avoir le plus gros gâteau et la plus belle des cerises. Quitte à léser les autres. Posséder, quitte à déposséder. S’enrichir, quitte à appauvrir. Et tu crois que ce que tu accumules, ce pouvoir fugace que tu affiches avec un air supérieur pourra combler ton gouffre intérieur ? Quand bien même tu aurais tout pour être heureux, tu n’y arriverais pas. A être heureux. Car tu as oublié d’être. De te dire, que tu es. Tu es un être humain en apprentissage pour le reste de ta vie. Et sans amour, on n’a rien. Et même si tu as été nourri par les manquements d’un père, d’une mère, ce n’est pas une excuse. Les parents, tu sais, ne sont parfois que de petits enfants blessés qui passent leur vie à se cacher dans un mouroir, ils s’enchaînent et enchaînent leurs descendants à leurs propres carences. Toi tu reproduis, en pauvre enfant si triste. Tu acceptes de ne pas être nourri d’immatériel, d’inquantifiable, de petits riens, de sourires, de tendresse, de valeurs morales. De valeurs comme le respect, l’altruisme, la bienfaisance… Tu connais ces choses? Ah, si ces valeurs étaient côtées en bourse, je suis sûre qu’elles auraient déjà plus de valeur à tes yeux ! Vois-tu, il y a des présents et des trésors que tu ne pourras jamais acquérir et qui te condamnent à mourir malheureux. Quand on triche comme toi. Car au fond, tu n’as pas cultivé, défriché, récolté ce qui fait des êtres humains de si belles personnes. Fuyant ta solitude pour ne pas entendre ton non amour, ta propre souffrance, ta négligence. Tu peux pleurer, crier, manipuler, tu ne t’aimes pas. Tu n’aimes pas la vie. Tu es un moribond. Qu’as-tu développé en ton être intérieur ? Presque rien. Le pire, c’est que le meilleur était là, présent en toi Et que tu ne l’as pas fait être. Tu ne t’es pas construit. C’est vrai, il est bien tard pour changer, mais il n’est pas encore trop tard…"
Violaine Esnault
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